En effet, pendant longtemps le Duc était venu sur les terres écossaises en temps que diplomate. William savait même qu’il n’avait pas toujours été vu du bon oeil. Á vrai dire, son propre père avait dit de se méfier, il n’était jamais bon de s’allier trop rapidement avec un suivant de la couronne anglaise. Ils avaient voué serment à Marie Stuart, et non Elizabeth, ce serait la trahir que de nouer des amitiés profondes avec des opposants à la reine écossaise. Mais bon le jeune homme ne se faisait pas d’apriori négatif sur Lord Snape, il verrait bien ce que ce dernier aurait à dire, comment il se comporterait. Jusqu’à présent, il semblait être un hôte de qualité, et un « ami ». Toutefois, Will ne se faisait pas d’idées. Les Nobles étaient les pires hypocrites du monde. Ils mentaient comme ils respiraient, ils portaient des masques pour se dissimuler aux yeux des autres, faire croire à une bonne entente alors qu’on crache dans le dos.
Il s’apprêtait à excuser ses parents en expliquant qu’ils avaient eu une urgence au port marchand d’Édimbourg, cependant, il n’en eut pas le temps. Déjà un nouvel invité s’invitait au groupe entourant le Duc.
Quand Keith Lowander rejoint la conversation, le jeune homme se sentit de trop. Il devinait que les deux hommes se connaissaient depuis longtemps. Ils étaient si familier qu’ils se tutoyaient, ce qui montrait effectivement une entente de longue date. Poliment, il se glissa un peu en retrait, afin de leur laisser un peu plus d’intimité. Bien vite le Sieur Lowander salua l’audience autour du Duc. Il ne répondit pas que l’ambiance changeait du tout au tout. Une lumière tamisée, de la musique, et soudain les flammes flamboyantes qui déchiraient la nuit. Une jeune femme aux courbes gracieuses fit son entrée en dansant avec une grâce féline. Il en fut captivé. Son père lui avait toujours interdit les loisirs du cirques, les artistes itinérants, le Laird disait qu’ils étaient réservés à la plèbe. Alors c’était la première fois depuis des lustres qu’il assistait à ce jeu d’acrobate. Pendant quelques secondes il eut le malheur de s’imaginer entouré par la jeune femme dansante, mais était-ce au moins elle qu’il imaginait ou une autre créature toute aussi ravissante ? C’était peut-être la première fois qu’il ressentait ce désir de proximité avec un autre être.
D’un geste peut-être trop brusque, il détourna les yeux et croisa le regard vairon de la petite Gawain. Une enfant innocente, de quoi totalement détacher son attention de la danseuse invitant aux milles pêchés. Il lui adressa un léger sourire, sentant qu’elle était tendue, tout comme lui. Ce n’était vraiment pas sa soirée.