C'était son premier moment de répit depuis que sa fiancée était arrivée sur le Domaine. William avait finalement réussi à négocier une sortie en ville, prétextant qu'il devait aller acheter un livre scientifique à Édimbourg, et qu'il en profiterait au passage pour aller saluer les bourgeois qui coopéraient avec la famille Mackinnion. Il passerait ainsi la nuit en ville avant de rentrer au château pour retrouver sa famille et Arianne.
Son échappée tombait à pic. Il avait eu vent d'un rendez-vous au sein de la bande de contrebandiers qu'il avait rejoint. Rien de bien palpitant mais ils devaient discuter d'un nouveau plan d'attaque. William avait besoin de se changer les idées et cette réunion était parfaite.
Il était prévu de se retrouver au port, dans un entrepôt qui semblait plus à l'abandon qu'en activité. Le jeune homme voyait la silhouette menaçant de la grande bâtisse le regarder dans la nuit. L'entrée n'était autre qu'une gueule béante qui l'attendait grande ouverte. Il vérifia que la capuche de son manteau était bien en place avant de traverser l'étendue qui le séparait du hangar. Ce n'était pas trop loin, une centaine de mètre peut-être, mais à la vue des regards. William profitait du couvert de la nuit pour se déplacer, mais on n'était jamais trop sûr.
Lorsqu'il arriva dans le bâtiment, il suivit le mur délabré jusqu'au fond de la bâtisse pour découvrir un petit groupe de bandits qui s'éclairaient à la lumière de trois bougies. William les salua avant d'aller s'asseoir. Nul besoin de dévoiler son identité. Ici ce qui importait était les actes, non la personne. Il savait que quelques uns des membres se doutaient de son identité, après tout il était connu, mais n'avaient encore rien dit, et c'était tant mieux !
Sans un mot Myrsela exerça avec douceur une pression, et l'étalon se mit au trot sans révolte...Il serpentait de sa cadence régulière entre les arbres, dans la pénombre. Myrsela ne faisait pas confiance à cet homme, mais la force des choses faisait que cette rencontre était exceptionnelle. Après ...elle aviserait. Elle ne l'avait pas fait pour lui et ses intérêts, mais par respect pour les quelques principes desquels elle se faisait loi.
Il avait réussi à la convaincre ! Heureusement.
Le jeune homme sourit franchement à la demoiselle, bien qu'il se doute qu'elle ne partageait pas complètement sa joie, malgré son sourire. Il opina d'un mouvement de tête vigoureux.
" N'ayez crainte, je ne commets jamais deux fois la même erreur. "
Déclara-t-il avant de se hisser derrière elle, ses mains restant à bonne distance de sa camarade.
William n'allait pas risquer de perdre sa chance à nouveau. Et puis, il avait du respect pour les femmes contrairement à de nombreux hommes de son époque. Il n'avait jamais trouvé cela normal de harceler les demoiselles. Il se positionna bien à l'arrière de la selle, se servant du pommeau arrière pour se retenir.
" Merci de votre aide. Je vous en suis reconnaissant. "
Ils étaient sur le chemin du retour à présent. William serait rentré rapidement, tout cela grâce à la jeune femme.
-Ce n'est pas de l'orgueil, ne vous exprimez pas sur ce que vous ignorez...Le manque de connaissance fait défaut , même à l'intelligence. Répliqua-t-elle sur le même ton. -Et rien ne vous autorise à me juger. Mais votre empressement cache sans doute sa part de secret. Contrairement à d'autre, je ne fouillerais nullement votre identité. Elle eut un sourire. -Montez. Et prenez garde de ne pas me menacer deux fois.
" Chacun pour soit, vraiment ? "
Demanda-t-il d'un ton pouvant rendre suspicieux.
Le jeune homme croisa ses bras devant sa poitrine tout en regardant la demoiselle se mettre en selle prête à partir en l'abandonnant ici. Il ne pouvait pas se permettre de rentrer à pied. Il n'avait pas de temps à perdre. William devait se dépêcher de rentrer avant qu'on ne découvre sa fuite.
" Vous renonceriez à un allier au sein de la troupe par orgueil ? Vous êtes bien fière pour gâcher une telle chance. J'aurais cru que votre esprit était plus aiguisé. Vous me sembliez si futée lors de la réunion, me serai-je trompé ? "
Continua-t-il après une courte pause.
Le combo parfait, la flatterie qui se transformait en une remarque acerbe. N'importe qui voudrait prouver le contraire de cette affirmation. Qu'en était-il de la jeune femme ? William ne connaissait rien d'elle. Peut-être préférerait-elle l'abandonner sans regard en arrière, après tout c'était bien les lois du clan.
-Vous abandonner mort ou vif est une tentation. Mais votre sang froid n'a cure des menaces semble-t-il. Elle avait répondu froidement. L'ironie masquée du brigand ne lui ferait pas perdre le sens du rationnel,à elle non plus. Depuis quand tuait-on un être humain seulement parce que celui-ci savait un secret sur lequel repose votre vie? Le regard émeraude de la jeune femme darda sa réflexion sur le concerné; à cet instant...Elle aurait certes pu céder à une part obscure de sa personnalité. Mais elle était plus complexe que cela. -J'imagine qu'il nous faut dès à présent retrouver les moeurs de la troupe: chacun pour soi. Vous avez des jambes. Bonsoir! Répliqua-t-elle d'un ton moqueur , à son tour, tout en remontant tranquillement en selle. Sa cape était toujours en place.
Elle se dégagea rapidement, prenant conscience de la situation. Ses mots l'avaient sauvé une fois de plus. Enfin, si ça n'avait pas été ses mots William aurait trouvé une autre solution. Il ne pouvait pas se permettre de mourir maintenant, même si cela aurait été une porte de sortie à son mariage arrangé. Cela lui faisait tout de même de la peine pour Ariane, la pauvre venait d'être transférée dans sa famille, et elle se retrouverait seule face aux lairds Mackinnion.
" Votre bonté d'âme ? Vous savez aussi bien que moi que me tuer serait une bêtise. Je suis votre allier à présent. Quant à cet avantage, disons que si vous me ramenez à ma monture nous serons quitte, je crains que sans cela vous ne m'abandonniez ici. "
Dit-il en l'observant d'un regard presque moqueur, peut-être taquin.
Il ne tenait pas à se montrer impoli mais le tempérament de la demoiselle l'amusait il devait l'admettre.
Obligé de répondre hein? Myrsela eut un rictus irrité mais aussi las. Devant la réaction (toutefois très logique) de l'homme, elle se redressa en rengainant d'un geste vif et précis son arme. -Ne vous imaginez que vous avez un quelconque avantage. Et non, je ne supposai pas qu'on puisse me découvrir. Elle laissa tomber un silence. Ne pas contrôler en tout point cette situation lui déplaisait hautement, et surtout, cette maudite angoisse revenait. Tout reposait sur cette idée qu'elle était une ombre comme les autres, parmi eux. -Ma bonté d'âme vous a sauvé la vie. Je suppose que nous sommes quitte. "Cela m'apprendra" murmura-t-elle comme pour elle.
La jeune femme répliqua avec force. Heureusement l'adrénaline le tira de son étonnement. Sa vie en jeu, le fils héritier attrapa la main qui tenait la dague en direction de sa gorge pour la bloquer. Elle aurait beau forcer, il n'était pas prêt à mourir aussi bêtement.
" Vous y gagneriez quelque chose vous pensez, à me tuer ? Ne vaudrait-il pas mieux que l'un de vos camarades sache pour justement vous couvrir devant les autres. Si j'ai découvert ce soir, ne pensez vous pas qu'un autre finira tôt ou tard par découvrir après moi ? "
Il s'agissait de gagner du temps. William n'aimait pas supplier pour sa vie. La logique. Les marchés intéressants pour les deux partis. Il trouverait une solution. Sinon ils devraient se battre. Mais quelle issue pour un combat avec si peu de valeur.
" Et puis, qu'est-ce que vous croyez que ça change ? Dans notre clan, nous avons tous une deuxième identité. Votre véritable nature m'importe peu. Seulement vous comprendrez que si vous avez l'intention de me tuer, je serai obligé de répondre à votre provocation. "
Alors que le brigand se mettait sans plus tarder en croupe, il manqua de perdre l'équilibre et de tomber à la renverse: Myrsela n'eut pas le temps de lui proposer une aide, l'homme se rattrapa de lui-même. Seulement ses mains s'aventurèrent là où elles n'auraient jamais du oser se tenir. D'un mouvement instinctif, tant provoqué par sa colère que son...angoisse, elle poussa l'homme à terre. Dans un enchaînement rapide, elle se retrouva au-dessus de lui, et elle le menaçait de sa dague: juste sous la gorge du bandit, la lame brillait aux rayons de la lune. -J'imagine que je devrais vous tuer pour que vous ne révéliez rien. Murmura-t-elle sourdement, en cessant de voiler sa voix féminine. Pourtant...Le ferait-elle? Peut-être, elle était totalement perdue au fond, même si elle le cachait bien sous ce masque d'actrice qu'elle portait continuellement. Elle était furieuse. Jamais elle n'aurait du l'aider.
Le bandit se mit en selle avec grâce et agilité, tout comme il s'était hissé sur le toit.
L'invitation fut de nouveau lancé, et William préféra éviter de faire attendre son camarade, qui mine de rien, se montrait extrêmement bienveillant en lui offrant son aide. Le garçon se hissa derrière lui, cherchant à se retenir lorsqu'il perdit momentanément l'équilibre - il n'avait pas l'habitude de monter à l'arrière. Sa main trouva un endroit où se retenir, la poitrine de son collègue. Cependant, ce n'était pas la texture à laquelle il s'attendait.
Alors qu'il aurait dû poser la main sur un muscle ferme, il s'empara d'un matériau plus spongieux. La surprise fut si intense qu'il lâcha tout, retombant par terre. Une femme ? C'était une femme ? Certes sous certains aspects, ce personnage était plus délicat que les autres rustres du gang, mais de là à découvrir que c'était une femme, William avait du mal à s'en remettre.
" Toutes mes excuses ! "
Bafouilla-t-il avec gêne.
Myrsela jeta à peine un coup d'oeil à celui qui l'avait bel et bien suivi...Emmenant Ülfey plus avant dans le fourré, elle eut un sourire en retrouvant sa belle monture: Ülfey était un croisement rare et réussi. L'entier était un mélange d'hanovrien de la plus belle race et de lusitanien. Son chanfrein noble et légèrement convexe s'ornaient de deux pierres ambrées aux lueurs intelligentes, les oreilles pivotèrent vers sa cavalière...La belle face couleur de lait contrastait avec la robe grix perle de l'étalon. La jeune femme flatta l'encolure de sa bête, qui renâcla doucement, puis elle se mit en selle d'un bond souple.D'un geste ample de la tête, elle invita l'homme à grimper derrière. Ses jambes entouraient fermement sa monture, prête à démarrer aussi vite qu'une bourrasque.
Le garçon ne manquait pas d'habilité lui non plus. Il parvenait à suivre son camarade sur les toits sans grande difficulté. William avait passé trop de temps à fuir ses responsabilités dans sa jeunesse. Il avait même failli avoir un grave accident lorsqu'il avait glissé du toit de la demeure principale alors qu'il y avait trouvé refuge lors d'une réunion peu à son goût. Il s'en était fallu de peu. Si ce n'était pas pour un des serviteurs Mackinnion, il ne serait sûrement plus de ce monde.
Malgré tout, ces escapades risqués lui avait permis de devenir un parfait funambule équilibriste, et dans son gang, cela était particulièrement utile.
William savait qu'il n'y avait pas de nécessité à répondre aux déclarations de son camarade. Il savait qu'il suivrait. Il n'avait pas d'alternatives. Et quel intérêt que de causer du grabuge maintenant, alors qu'ils semblaient loin des problèmes.
Le jeune homme l'observa appeler sa monture. Il n'avait pas encore perfectionné à tel point sa relation avec son destrier. Son père lui ayant offert deux chevaux. Un à l'âge de 13 ans, un model fin mais assez robuste et rapide pour la chasse, et l'autre à 16 ans, cette fois-ci un modèle plus lourd, un cheval de parade, pour les évènements officiels.
Il descendit dès que son collègue lui fit signe et observa la monture : un bel étalon. William laissa son camarade s'installer, il se hisserait en selle, ou plutôt à l'arrière quand ce serait bon.
Myrsela avait repris une certaine distance avec ce compagnon méconnu et qui devait relativement le rester. Toujours bien protégée par sa capuche, elle courut un instant sur les ardoises et les tuiles des toits, sautant habilement, puis s'agrippant à une cheminée, elle aussi contempla la ville. Oui, l'endroit était superbe. Mais cela lui permettait également de se repérer. -En périphérie de la ville, non loin des bosquets précédant la haute forêt. Lui répondit-elle sans tourner l'ombre de son visage vers son interlocuteur. Puis elle reprit son chemin: la jeune femme savait qu'il la suivait, et avait une drôle d'impression.Aussi, plus vite aurait-elle disparu de la circulation, mieux ce serait. -Suivez moi, nous y sommes bientôt. Effectivement, ils atteignaient l'un des derniers toits. Mais il était trop risqué de descendre à l'instant. C'est pourquoi Myrsela attendit, puis, modula un son strident. D'abord rien, puis une froissement de feuille, des craquements de brindilles, et l'ombre d'un cheval apparut. "Parfait" , pensa-t-elle. Elle sauta, prit l'étalon par la bride, et fit signe à l'homme de venir.
Le jeune homme poursuivit son chemin dans la bâtisse à la suite de son camarade. Il n'était pas sûr de l'endroit où ils se rendaient mais du moment qu'ils gravissaient les étages en direction du toit, cela devrait aller.
Ce serait trop bête que la garde tombe sur eux à présent. D'un autre côté, ils s'étaient bien éloignés des lieux de la réunion alors pourrait-on les accuser d'en avoir fait parti ? Le seul problème c'est que William ne pourrait pas expliquer sa présence dans le faubourg si on le lui reconnaissait. C'était un drôle d'endroit où trainer au beau milieu de la nuit, et cela rendrait les gardes suspicieux. Il valait donc mieux poursuivre la fuite, son acolyte lui étant d'une aide bien utile.
Lorsqu'ils arrivèrent à la fenêtre, l'autre se hissa sur le toit avec une grâce féline, si bien que pendant quelques secondes il crut décerner chez son collègue un trait féminin plus marqué. Mais avant qu'il ne puisse confirmer ses pensées une main se tendit pour l'inviter à monter, ce qu'il fit aussitôt.
Depuis le toit la ville était splendide. Il avait toujours aimé Edimbourg et cela lui confirmait à quel point il appréciait la ville.
" Très bien, je vous fais confiance. Où se trouve votre monture ? Pensez-vous que nous pourrons la rejoindre sans nous faire repérer ? "
" Vous avez raison, les toits sont notre dernier recours. Pour ma part, ma monture est enfermée à l'écurie, je crains qu'elle ne soit pas d'une grande aide. Si votre animal est solide, peut-être pourriez vous me déposez en périphérie du Port ? Ou nous pourrions nous séparer une fois sur les toits si cela vous convient mieux ? "
Il suivait donc, se pliant à l’urgence de la situation. Voilà qui soulageait la jeune femme d’une angoisse certaine. Assurément, franchir les toits n’était pas une mince affaire, quoique Myrsela s’entende mieux à l’escalade et à l’agilité discrète qu’aux combats où rivalise force et puissance. Une porte, un couloir, une fenêtre, les y voilà. De l’ombre de sa cape, elle se retourna, afin de vérifier que l’homme suivait bien, puis elle saisit le rebord à l’extérieur, vérifia les alentours d’un bref regard, prit un élan marqué, une respiration, une hésitation… Elle avait tout bonnement disparu, en un éclair noir et gracieux . Une fois là-haut, la jeune femme s’attarda à cette contemplation dangereuse et hypnotique, une ville encore éveillée. L’adrénaline faisait battre son coeur un peu plus violemment. Là encore elle hésita, puis se pencha, et tendit une main secourable des tuiles pour permettre à l’autre de monter plus facilement ; du point de vue de son compagnon,il ne devait voir qu’une main apparaître du néant, ce qui en une autre situation serait assez drôle mais bon…
« Mon cheval pourrait aisément nous mener à une distance respectueuse. »
murmura-t-elle.
Malheureusement pour son cas, sa monture était aux écuries de la demeure où il logeait pour la nuit. Impossible de faire appel à elle. Il était venu à pied car c'était bien plus discret que d'être accompagné d'un animal, bien qu'utile dans des situations de fuite, n'était pas la créature la plus discrète. Le jeune homme se demandait s'il pouvait coopérer avec son collègue. Ce dernier ayant une monture, il pouvait les tirer d'affaires, encore fallait-il qu'il soit partant pour l'aider.
Visiblement leurs esprits travaillaient de pair. Avant même qu'il ne lui propose de monter sur les toits pour échapper à la Garde, l'autre annonça que c'était leur meilleure chance de fuite.
" Vous avez raison, les toits sont notre dernier recours. Pour ma part, ma monture est enfermée à l'écurie, je crains qu'elle ne soit pas d'une grande aide. Si votre animal est solide, peut-être pourriez vous me déposez en périphérie du Port ? Ou nous pourrions nous séparer une fois sur les toits si cela vous convient mieux ? "
Le jeune homme ne se fit pas prier. Il suivit la jeune femme d'un pas ferme, bien décidé à ne pas s'abandonner aux mains des soldats. Bien que par son statut il lui serait très facile d'échapper à toute sentence, les rumeurs ne seraient pas les bienvenues si ça venait à se savoir. Il pourrait noyer le jaune dans l'oeuf, mais c'était des efforts qu'il préférait éviter.
Il gravissait les marches derrière son allié, pour arriver au dernier étage. Ils allaient devoir se hisser sur le toit et jouer les acrobates. Rien qu'il n'avait fait par le passé, cependant cette activité se révélait toujours risquée.
" Sûrement. Mais nous ne pourrons pas nous terrer ici éternellement. La Garde est de moins en moins farouche, ils finiront par inspecter les demeures des alentours. Dès que possible nous devons fuir. Est-ce que vous avez une monture dans les environs ? "
Effectivement, la Garde ne craignait rien ce soir, elle avait fait irruption en étant parfaitement renseignée, la Cavalerie avait visiblement pris part à ce magistral coup de filet...qui pour l’heure était certainement un échec. Un petit sourire se glissa sur les lèvres de la jeune femme.
« Pour sûr. Je connais une échappatoire. Les toits...Ma monture répondra sans peine à mon appel.Et vous ? »
Ce qui ennuyait Myrsela n’était pas d’agir de pair avec un allié, mais de ne pas savoir si elle pouvait réellement compter sur lui...Peut-être allait-il l’entraver dans ses actions, ou bien choisir de défendre ses intérêts seuls ce qu’elle pouvait aisément comprendre… Elle fit un signe de la main à son hôte, qui hocha la tête avec un espèce de rictus amical.
« Si vous voulez me suivre, nous pouvons nous échapper de la ville. »
Elle commença à monter les marches grinçantes de l’étroit escalier.Qu’importe, c’était à prendre ou à laisser!Elle savait pertinemment que chaque minute est comptée.
Sa réponse tarda à venir. Il n'avait pas de plan. Lors des situations périlleuses, William agissait à l'instinct. Il avait toujours réussi à s'en sortir ainsi. Mais à deux ? Comment anticiper les réactions de son camarade ? Comment être sûr qu'il suivrait le mouvement ? C'était un pari risqué. Il ne pouvait donc pas se permettre de s'en remettre à ses seules capacités, il fallait échafauder un plan.
Lorsque les bottes en cuir avaient frappé les dalles à quelques pas de là, le garçon ne s'était pas fait prier pour accompagner son acolyte en direction d'une maison qu'elle semblait connaitre. Trois coups brefs résonnèrent dans la nuit. Heureusement, les soldats étaient bien trop occupés par la situation du hangar pour entendre. Leurs collègues fuyaient comme il le pouvait le lieu du rendez-vous, pourtant censer être calme cette nuit là.
Ils n'étaient pas hors de danger pour autant, si la Cavalerie s'en mêlait, cela n'annonçait rien de bon. Heureusement la porte s'ouvrit, et le jeune homme s'engouffra à la suite du mercenaire. Ils seraient temporairement hors de danger. Mais ça ne durerait pas, bientôt ils fouilleraient les maisons aux alentours pour mettre la main sur les malfrats.
" Sûrement. Mais nous ne pourrons pas nous terrer ici éternellement. La Garde est de moins en moins farouche, ils finiront par inspecter les demeures des alentours. Dès que possible nous devons fuir. Est-ce que vous avez une monture dans les environs ? "
Demanda-t-il en réfléchissant à un moyen de s'échapper.
Myrsela eut un regard vif sur les ombres qui se mouvaient autour d’eux, sans les voir néanmoins, et elle hésita. " Il nous faut fuir maintenant. Partons par-là, il sera plus difficile de nous retrouver. "
S’enfuir...Décidément, elle ne faisait que ça. La jeune femme se retrouvait face à un dilemme ; oui, elle ne devait rien à personne ici, mais devait-elle prendre la responsabilité de partir en laissant les autres à leur destin ? Ou bien fallait-il leur prêter main forte ? Le choix ne fut pas long à prendre. Comment pouvait-elle se permettre d’hésiter. Elle emprunta donc cette ruelle qui ne lui inspirait guère confiance;une embuscade pouvait avoir lieu à tout moment. Aussi tout son être était tendu, les muscles instinctivement bandés, la main prête à saisir les doubles lames cachées sous sa cape.
« Très bien, vous avez une destination en tête ? »
La voix avait repris son accentuation habituelle pour les hommes de la bande, masquant ainsi la nature et le ressenti de Myrsela. Soudain, elle perçut au loin les claquements du fer sur les pavés.En un rien de temps, la jeune femme avait repéré une maison de sa connaissance, et elle frappait 3 coups en entraînant brusquement l’individu à sa suite. La porte s’ouvrit, elle s’y engouffra et se cala contre le mur le souffle court. A cet instant précis plusieurs chevaux remontaient la rue d’un trot hâtif. Sous la capuche sombre brillaient les prunelles, la jeune femme hocha la tête en guise de remerciement au tenancier de cette auberge clandestine. Celui-ci eut un rictus, puis se détourna en levant les mains au ciel.
« Je pense...Que étant donné la sécurité des rues il vaut mieux demeurer ici. »
Son partenaire n'apprécia guère son geste brusque et menaçant. Il le lui fit savoir en collant une lame sous la gorge du Mackinnion. William ne bougea pas d'un pouce. Ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait dans une situation délicate. Ce ne serait pas la dernière.
La voix qu'il avait entendu ne sonnait pas comme à son habitude. Plus aigüe peut-être ? Le jeune homme baissa les yeux vers le personnage qui se trouvait à ses côtés, plaqués contre le mur. Était-il allé jusqu'à transformer sa voix pour ne pas que son identité soit reconnu ? Cela voulait dire qu'il risquait gros en prenant part à leurs réunions.
Avant qu'il n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, son camarade s'était glissé en haut d'un chêne pour se hisser à la fenêtre du hangar et prévenir les autres de l'arrivée des gardes. Le garçon imaginait déjà la cohue que les paroles de son acolyte avait du soulevé. L'arrivée de la garde n'était jamais une bonne nouvelle pour des gens comme eux. Ils avaient trop à perdre à se faire prendre la main dans le sac en train de prévoir un coup contre les marchands.
Alors qu'il s'apprêtait à répondre qu'il était en effet judicieux de quitter le port pour trouver un lieu plus tranquille où discuter, William entendit le bruit des bottes en cuir des soldats qui approchaient. Ils comptaient encercler le bâtiment, et eux se trouvait juste là.
Il lança un coup d'oeil à l'autre individu.
" Il nous faut fuir maintenant. Partons par-là, il sera plus difficile de nous retrouver. "
Dit-il en pointant du doigt une ruelle assez sombre entre les autres hangars de marchandises du port.
Alors que celui qui l’épaulerait dans l’entreprise naissante allait s’exprimer, il tourna la tête, en dans les mêmes fractions de secondes où elle s’aperçut de leur...’manque de solitude’, elle se retrouva littéralement collée à la paroi avec la main de ce collègue sur les lèvres. Instinctivement la jeune femme saisit sa dague et la mit sous la gorge de l’homme : elle avait retenu un soupir de surprise, et ses prunelles claires luisaient sous la capuche toujours en place. Sans pour autant relâcher la menace du couteau de lancer qui servait accessoirement de dague, Myrsela murmura
« Il est urgent de prévenir les autres. »
Certes, elle pourrait s’enfuir et sauver sa peau, et alors ? Elle redeviendrait la petite bourgeoise avec à peine un peu de noblesse. Et ce n’était pas le fond de son tempérament. Se laissant glisser contre le mur avec une souplesse certaine, elle rajusta sa cape, de peur d’avoir été découverte bien qu’il n’y ait qu’une faible chance pour qu’il se soit rendu compte qu’elle était une femme, Myrsela avança dans l’ombre jusqu’à un arbre voisin de la bâtisse. Il était bien surprenant de voir la Garde approcher de façon aussi précise et assurée de là où se retrouvait la troupe, mais l’heure n’était pas à savoir le pourquoi, mais plutôt le comment s’en tirer. Aussi agile qu’un félin, elle escalada la ramure de ce chêne qui accédait à une haute ouverture de l’intérieur: d’une branche assez fine , sa silhouette prit appui, et elle passa la tête de manière à ce que les autres l’entendent
« Holà compagnons, filez en discrétion, la Garde ! »
Les laissant s’affairer, car ils savaient que jamais de telles paroles n’étaient proférées à la légère, Myrsela revint vers l’homme.
« Poursuivons notre conversation en d’autres lieux, voulez-vous ? »
il y eut une pointe d’ironie dans ces quelques mots murmurés à la hâte.
Le jeune homme laissa un sourire se dessiner sur ses lèvres face à la réponse franche de son acolyte. Quelqu'un qui ne mâchait pas ses mots. Heureusement qu'il avait un plan intéressant en tête où il se serait sûrement fait verbalement brutaliser. Il appréciait le ton tranchant de son camarade. Ici, pas d'hypocrisie, que de l'honnêteté. Si le plan ne plait pas, il tombe à l'eau. Pas besoin de passer par mille et une phrases de politesses pour dire non.
Il était sur le point de répondre à l'individu lorsqu'un mouvement attira son attention dans sa vision périphérique. Le jeune homme se plaqua aussitôt contre le mur en déposant sa main sur la bouche de son allié afin qu'il ne fasse pas un bruit. Ils n'étaient plus seuls. Visiblement la Garde du Port était dans les parages et avait trouvé le groupe. Mince !
Le jeune homme avait pourtant fait en sorte d'orienter les patrouilles dans d'autres directions ce soir lors de sa réunion avec les gérants du Port d'Édimbourg. On les avait vendu, ou quelqu'un s'était fait repéré. Il retira sa main du visage de son camarade en montrant du doigt la petite troupe d'individu qui marchaient vers le hangar.
Myrsela marqua un arrêt. Bien , au moins cet homme savait ce qu'il voulait. "Certes, mais ça ne me dit pas grand-chose du plan. Et, comme principal concerné, j'estime qu'il m'en faut davantage avant de parler de ce qu'il faut mettre en oeuvre de manière personnelle." Si dans le monde où tous savaient qu'elle étant une jeune femme distinguée et de bonne réputation Myrsela se montrait à la hauteur de son rang en restant très en retrait et souvent légèrement hypocrite, ici, en tant que bandit, elle bénéficiait d'une grande liberté mais aussi d'une lourde charge. Enfin, lourde, pas tellement puisqu'elle l'avait choisi et que cela lui plaisait énormément. Ici, elle devait s'imposer, être tranchante et ferme, imposer le respect, et avoir un minimum d'autorité vis à vis de ceux qui n'étaient ni plus ni moins que ses égaux, peu importe qui ils soient réellement. "Oui, je sais nager, même si ce n'est pas ce que je fais le mieux." Elle fit mine de jeter un coup d’œil au loin, ce que ne pouvait de toute manière voir son acolyte, mais en réalité elle restait très attentive à ce personnage étrange et ma foi intéressant. Elle attendait de le voir déployer toutes ses cartes avant de contre-attaquer en lui faisant part de ses réflexions ou de ses propres idées si besoin était.
Les deux mercenaires se dirigèrent vers l'extérieur du hangar sur le port. Il faisait froid dans la nuit. Le long manteau de William le protégeait bien des crocs du froid, et il ne regrettait pas de l'avoir préféré à sa cape plus fine.
Il marcha quelques instants en direction d'un recoin sombre à quelques pas seulement du repaire choisi par ses camarades pour la rencontre du soir. Son camarade marqua un arrêt et s'appuya contre les pierres abîmées par le temps d'un mur puissant. William savait déjà ce qu'on allait lui demander. Il avait profité de la petite marche pour approfondir sa réflexion. " Savez vous nager ? "
Demanda-t-il en allant droit au but.
Pour que son plan fonctionne il fallait que les personnes soient capable d'exécuter diverses tâches et surtout d'avoir beaucoup de ressource.
Le jeune homme observait son partenaire assez sérieusement, bien que ce dernier ne devait pas voir grand chose de son expression sous la capuche de l'héritier.
" Seul ce sera très risqué. Il vaut mieux qu'on soit au moins deux. Puisque j'ai proposé l'idée, je me dévoue aussi pour servir d'appât. "
Oh, un revirement de situation presqu’innattendu. L’auteur de cette initiative ne manquait donc pas de cran, pour oser lui aussi une aventure qu’il conseillait:cela lui donnait crédit, et quelque peu du panache. Myrsela eut un sourire en coin pour elle. Cet être irait-il au bout?De toute façon elle n’allait pas tarder à le savoir puisque il fallait d’abord qu’ils se mettent d’accord tous les deux avant d’en parler aux autres
« Très bien, en ce cas, discutons-en puis nous reviendrons faire part à tous de ce qui est convenu. »
murmura-t-elle de sa voix à imitation masculine.Les autres hochèrent la tête, après tout, cette démarche était logique. La jeune femme tourna son regard vers le concerné, lui fit un signe de la main lui enjoignant de la suivre, puis se dirigea au dehors du bâtiment. Comme elle passait devant lui, sans qu’il le voit, elle serra furtivement de ses doigts fins une des dagues sous sa cape.On ne sait jamais. Une fois à l’extérieur, elle s’appuya nonchalamment contre le mur de vieilles pierres
« Que suggérez-vous ? »
Derrière le voile de l’anonymat et l’effet de groupe, que restait-il de cette audacieuse idée ?
L'individu qui avait émis des doutes sur l'idée du brigand balafré s'avança pour approuver son idée. William se sentit soulagé qu'on soutenait sa proposition. Si personne n'avait jugé bon de suivre son plan, il ne pourrait alors pas convaincre les autres de le suivre. Le bateau du Bourgeois Hollandais accosterait au port et le porc de bourgeois comme il avait été appelé, aurait l'occasion de s'en mettre encore plein les poches.
Il y avait un volontaire pour se jeter dans la gueule du loup. Cette fois, William fut surpris. Normalement les mercenaires n'étaient pas aussi enclin à se sacrifier inutilement. Enfin, tout dépendait de la personne, mais généralement c'était quand les enjeux étaient plus personnels.
Le jeune homme observa le membre qui venait de se proposer. Il était seul dans un silence impressionnant. Tous le regardaient avec le même étonnement.
" Seul ce sera très risqué. Il vaut mieux qu'on soit au moins deux. Puisque j'ai proposé l'idée, je me dévoue aussi pour servir d'appât. "
Déclara-t-il en s'avançant d'un pas en direction de son allié.
Ils allaient devoir collaborer étroitement pour la réussite du plan. Á présent il fallait se pencher ur les détails de la mise en oeuvre. Qui serait où ? Quand ? Comment ? Il y avait beaucoup de détails à arranger pour que cela fonctionne.
Un homme émergea du groupe. Comme savant alchimiste, il lança quelques idées éparses qui suscitèrent un torrent de réactions plus ou moins visibles. Myrsela fut d'abord troublée par un tel plan. Se livrer?N'avait-il rien de plus judicieux en tête? Cela dit....Ce la pouvait se révéler aussi génial que fatal comme suggestion...Elle avança d'un pas.
« Je suis d’accord .Il leur faut des artifices, de la poudre aux yeux, un spectacle en somme. »
Chacun ici avait déjà beaucoup risqué. La jeune femme savait que tous ils avaient des secrets à cacher, et que le sien n'était sans doute pas le plus pesant. En un instant , elle fit le raisonnement logique, pesa le pour et le contre.
« Si personne ne s’y décide, je pense pouvoir distraire les gardes. »
Le projet était on ne peut plus simple, et elle savait qu'elle avait les moyens de réussir un coup de maître. Mais il fallait encore négocier entre les membres de la bande les petits détails qui avaient mine de rien une sacré importance en l’occurrence. Son regard s'attarda sur celui qui avait proposé une manière à la fois si audacieuse et si tendancieuse. C'est assurément lui qui devait développer le concept, sinon tout tomberait à l'eau. Il lui fallait convaincre les brigands
L'idée plaisait à William, il n'y avait pas de doute. Mais comme venait de le soulever un de leur acolyte c'était un projet d'envergure, une mission risquée. Nul ne pouvait se permettre de se jeter dans un combat pour le peuple alors que ses enjeux personnels étaient à risque. Il fallait mener une approche méthodique et planifiée afin de parvenir à ses fins.
- C'est un projet de taille mon camarade. Un projet ambitieux.
Le jeune homme contempla l'assemblée autour de lui. Il se dégagea du mur contre lequel il s'adossait pour venir se placer à proximité des bougies qui éclairaient la table. Il laissa le silence s'installer. C'était un petit plaisir personnel. Il n'y avait qu'ici qu'il pouvait se permettre de se faire attendre. Chez lui, il répondait aux demandes de ses parents comme un petit chien.
- Ce qu'il nous faut c'est un appât pour déstabiliser la Garde. S'ils pensent avoir réussi à attraper des brigands, toute leur attention sera concentré là dessus. Ils se sentiront victorieux, ils s'affaibliront aussitôt. Pendant que certains se "jettent" dans la gueule du loup, les autres auront le champ libre pour piller le navire de ce bourgeois hollandais.
Expliqua William qui s'attendait déjà à ce qu'on proteste. En effet, qui voulait avoir le rôle d'appât dans une telle situation. C'était plus que risqué.
Un fin sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme.Personne pour le voir ,bien sûr, mais il était bien présent.Le plan de cet homme était ambitieux, mais il comptait nombre de difficultés. En peu de temps,Myrsela déduisit risques et chances de réussite. Certes c'était tentant, ambitieux même!Mais si jamais l'échec les mettait tous à bas, qui seraient encore présent pour sauvegarder les intérêts communs comme personnels? Elle pourrait tout perdre,et être condamnée à pire que son existence actuelle qui lui convenait quelque peu.Non, un tel scénario ne pouvait être envisagé ainsi. Aussi secoua-t-elle la tête, et balaya l'air de sa main gantée de cuir sombre. -Une meilleure idée peut-être? Le sarcasme venait d'en face, à côté de celui qui avait énoncé ce plan avec tant de conviction.Elle se leva, posant les poings sur la table. L'ombre de son visage se dessina sous la cape.
« Projet risqué, il faut en convenir.Que se passera-t-il si le moindre détail nous échappe ? » Elle parvenait assez bien à prendre une voix discrète,aux intonations à peine rauques, déguisant la sienne. La simple vérité ainsi énoncée provoqua un instant de murmures parmi ses comparses. Myrsela fixa chacun d'eux, en demeurant debout, alors qu'aucun ne pouvait sentir le regard émeraude sur lui. La réaction que ses paroles avait provoqué la satisfaisait, elle ne voulait pas laisser au hasard sa destinée, et par conséquent leurs actes devaient être soigneusement calculés. Elle finit par se rasseoir, écoutant d'une oreille, tandis que de l'autre elle pressentait ...Quoi exactement? un événement fâcheux?
Un nouvel arrivant pénétra la pièce lugubre. William lui adressa un signe de tête, comme la plupart des autres mercenaires présents. L'individu en question était l'un des plus discrets du groupe. Tout comme William il restait très secret à son sujet, prenait rarement la parole, et préférait se tenir en retrait qu'au centre de la foule.
L'un des hommes qui était assis à califourchon sur une chaise grinçante, planta son couteau sur la table en bois à ses côtés. La réunion allait débuter. Le jeune laird n'était pas sûr des raisons de ce rassemblement mais il ne tarderait pas à les découvrir. Il s'agissait probablement du prochain coup qu'ils préparaient.
Son attention, bien que porté sur la globalité de son entourage, se posa sur le trentenaire avec un anneau en or à l'oreille. Les cicatrices marquaient son visage, comme si la vie voulait qu'elles soient les témoins de son histoire. Il n'était pas le chef. Il n'y avait pas de chef ici. Le clan était plus proche qu'une démocratie qu'une dictature. On votait pour prendre des décisions, on discutait et débattait pour convaincre les autres de la supériorité de son idée.
Aujourd'hui c'était ce personnage là qui prenait le devant de la scène pour exposer ses projets et beaucoup étaient intrigués.
- Vous avez peut-être entendu la nouvelle mais un grand bourgeois hollandais va amarrer au port la semaine prochaine. Il va sans dire qu'il ramène tout un tas de richesse et de provisions dont nous pourrions nous accaparer. J'ai entendu que les temps sont durs dans le Nord de la province. Une petite redistribution ne ferait de mal à personne. Après tout, ce n'est pas un petit navire de biens qui va manquer à ce porc de bourgeois.
Siffla l'individu qui visiblement n'appréciait pas beaucoup les plus aisés de ce monde.
William devait avouer, que s'il n'était pas né dans le luxe, il serait sûrement très envieux de la richesse des autres. Plus particulièrement car la façon dont les biens étaient distribués s'avérait très injuste. Il connaissait bien des Nobles qui ne méritaient rien de ce qu'ils avaient. Sa famille ? Il ne savait pas ce qu'ils avaient fait pour en arriver là. Il ne se plaindrait pas de sa situation car elle était particulièrement avantageuse et lui offraient bien plus de libertés qu'à la plupart des gens. Mais si de temps à autre il pouvait aider son peuple à prospérer, il ne se priverait pas de semer le trouble ci et là.
La nuit...Ici, elle recouvrait tout, tapissait les murs, s'infiltrait en chaque faille, et quelque fois elle offrait un peu de son large manteau pour cacher d'autres créatures. Les prunelles émeraudes s'ouvrirent. Plus un bruit dans la grande maison, sinon les craquements du bois qui dort. Le pied s'aventure hors des draps. Vite, des doigts fins tirent de leur cachette un tenue tout de noir faite; il y a peut-être un peu de nervosité dans les gestes vifs. Elle enfila dans un silence feutré le pantalon sombre, la chemise d'homme, ajusta l'armure en cuir autour de sa silhouette svelte.Ensuite, elle disposa les 4 dagues de lancer dans leur cache, à disposition immédiate de la main. En se laissant glisser le long de mur, elle rejoignit l'écurie.Un peu à part, un renâclement discret l'accueillit.Sous la capuche noire, la bouche sourit. Fidèle destrier que le sien. La main flatta l'encolure de la monture: Voltury était un étalon, un croisement entre le frison et l'arabe, ce qui lui conférait la noirceur du pelage, de la puissance mais aussi de l'endurance.Sans compter l'intelligence vive de son regard. D'un bond souple, elle se mit en selle.Pour cette nuit, nul besoin de tout l'harnachement, seul le filet avait suffi.Elle fit un premier arrêt, là où elle cachait ses doubles lames. Elle les mit sous sa cape,dans son dos. Enfin, la bâtisse que certains pouvaient trouver lugubre apparut.Myrsela frissonna. Dans la salle, quelques uns des bandits étaient là. Sa capuche s'inclina pour eux, et elle s'installa, en retrait. Ici, elle n'était ni une bourgeoise,ni une femme. Tous la connaissaient comme un jeune homme taciturne qui ne montrait pas plus que les autres son visage.