Il rabattit d'un geste sec et précis sa manche sur les cicatrices de son bras. Le miroir lui renvoya une image impeccable de ce qu'il avait toujours incarné: Lord Snape, Duc de Prince.
L'homme impénétrable, le britannique parfait, la froideur et le talent aristocratique. Les apparences étaient salutaires.
Dans sa patrie, en Angleterre, l'on savait il y a encore peu qu'il était homme dangereux. Certains pensaient qu'il était capable de mettre la gloire en bouteille, distiller la grandeur, et même d'enfermer la mort dans un flacon . Était-ce si éloigné de la réalité ? En Ecosse ils ne pouvaient pas le savoir à cette heure.
Ce qui l'avait conduit sur cette île sauvage, cousine de sa nation, nul ne le savait vraiment. Seules des rumeurs circulaient. Mais on se méfiait toujours de lui.
Beaucoup avaient su que souvent qui lui déplaisaient disparaissaient dans la foulée. Être proche de la Reine était un facteur de pouvoir immense autant que d'angoisse.
Il avait fait les choses dans la grandeur de la stricte exigence.
Il devait montrer sa place, et souscrire à l'autorité de ce pays tout en soulignant discrètement son désir d'indépendance. Il ne réclamait que ce bout de terre où il prendrait un repos...mérité.
Sa demeure était fidèle à l'image qu'il renvoyait. Austère, imposante, d'une antique noblesse, altière dans ses pierres fières, parée avec bon goût et une certaine magnificence de rigueur quand on reçoit le monde brillant d'un pays.
Ses rares domestiques avaient eu l'autorisation d'embaucher une main d'oeuvre supplémentaire pour l'occasion. Les livres avaient coulé à flot pour financer la débauche de victuaille nécessaire.
La réception allait commencer.
Son regard ébène plana sur la salle. Elle était parfaite. Il alla lui même vérifier que rien ne traînait dans les autres salles du manoir, ni personne, ferma délicatement le piano, et se rendit à l'entrée pour accueillir les premiers arrivants.
Une respiration à peine plus prononcée que les autres, c'était parti.
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Un passage obligé -réception au Manoir Prince (ouverte à tous)
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La réception du Duc était splendide et rassemblait parmi les esprits les plus éminents des terres écossaises. Du moins aux yeux d'Ariane. Via ses différentes correspondances des dernières semaines, la jeune femme avait appris la venue d'Idelette de Bure, épouse émérite de Jean Calvin. Ce n'était pourtant pas pour ce dernier qualificatif qu'Ariane s'intéressait à elle. Non, Idelette Calvin était une médecin réputée dans le couvent des Angelins de Paris, malgré qu'elle officiait alors sous un pseudonyme masculin - dès lors que les absences de son public mari l'y autorisaient.
Ariane l'avait rencontrée lors d'un diner à Paris, son frère ainé. Lorsqu'elle aperçut la silhouette familière près des balcons fleuris de la demeure du Duc, elle s'excusa auprès de William - qui fut tôt approché par l'hôte de ces lieux - et vint à la rencontre d'Idelette.
Les deux femmes discutèrent ainsi de nombreuses minutes - se remémorant leurs différentes entrevues à la cour française, sans que leurs propos ne dévoilent les idées défendues dans leur correspondance. En effet, femmes de savoir médicinal, ce soir n'était certainement pas le lieu idéal pour confronter leurs idées. Ariane admirait la femme d'âge mur et réciproquement - celle-ci voyait en la jeune Fergusson ce qu'elle avait été trente ans plus tôt. Aussi leur échange était-il bienveillant. D'autres jeunes femmes vinrent les rejoindre, curieuses de cet échange.
Plus tard dans la soirée, William vint la retrouver. Ariane lui adressa un sourire sincère. Au fil des derniers jours, il était devenu un visage familier. Alors qu'il lui proposait de prendre congé, la jeune Fergusson posa sa main sur son avant-bras, et lui proposa une promenade dans le parc avant de trouver les appartements gracieusement offerts par le Duc.